La Petite Pierre

Histoire

la Petite Pierre

La naissance du village

La Petite Pierre est située sur un grand axe qui relie l’Alsace et la Lorraine. Les anciens voituriers et commerçants y faisaient reposer leurs chevaux ou leurs bœufs, tout en se restaurant dans les relais et auberges qui jalonnaient cette route. Les habitants des lieux pouvaient se retrancher, en temps de guerre, dans un camp aménagé sur le sommet tout proche de l’Altenberg (aujourd’hui Altenbourg). Il est fort probable que les Romains, pour mieux surveiller le trafic, avaient érigé une tour de guet surplombant la Vallée de l’Imsthal, dont on croit reconnaître les fondations dans la cave de la maison de style renaissance construite en 1534, appelée Maison des Païens. Cette région compte par ailleurs de nombreux vestiges de villas romaines, notamment dans la forêt d’Erckartswiller, où se trouvent des traces d’un temple romain. Après la dislocation de l’Empire Romain, et la consolidation du nouveau royaume des Francs, l’Evêché de Metz fonda, le long de la route, les abbayes de Marmoutier et de Neuwiller. La Petite Pierre défendait cette même route qui, venant de Metz, descendait vers Neuwiller. D’où l’intérêt stratégique pour l’Evêché de Metz d’administrer l’ensemble de cette région au nord du Col de Saverne. Ajoutons à cela le fait que La Petite Pierre jouissait d’un atout de plus, puisque l’antique Via Bassoniaca partait du village pour rejoindre Bitche par la crête des Vosges, en passant par Puberg.

la Petite Pierre

Un premier château

Selon la tradition orale, dès l’époque de Charlemagne un premier château fort se dressait déjà à La Petite Pierre. Au 12ème siècle, Hugues 1er apparaît dans les chartes de 1205, 1212 et 1216. Vaincu lors d’une guerre en 1220, il devient vassal de l’Evêché de Strasbourg, ce qui permet à l’évêque de reprendre pied dans cette zone d’influence de Metz. Après cet insuccès, Hugues 1er se retire des affaires d’Alsace, s’efforçant de garder une neutralité prudente, tout en maintenant de bonnes relations avec le duc de Lorraine, dont il est également vassal. Les descendants adoptèrent la même stratégie, pour le bien du comté et de ses habitants. Quant au château, il fallait le protéger des attaques, et donc englober dans le système défensif le plateau rocheux s’étendant entre l’Altenberg et le château. Cette zone, suffisamment étendue, a permis la construction d’une ville entourée de vastes murailles, le Staedtel. Ainsi, avant de prendre le château, il faudrait d’abord s’emparer de la ville et de ses habitants. Un large fossé fut également creusé en avant du Staedtel, l’isolant ainsi totalement du faubourg et de l’Altenberg. L’unique voie d’accès partait du faubourg et aboutissait à un pont-levis à la porte d’entrée. Une rue traversait le Staedtel et menait à une seconde porte, appelée porte intérieure, qu’il fallait franchir pour entrer au château, isolé à son tour par un large fossé taillé dans le grès et protégé par une tour pentagonale, aujourd’hui disparue. Dès la construction du château du 12ème siècle, le village prit le nom de celui-ci, La Petite Pierre. C’est aussi à ce moment que l’ancien village prit le nom de Faubourg, pour le distinguer de la ville entourant le château, le Staedtel. Ce Staedtel se peupla d’artisans, d’employés, de soldats et devient rapidement le centre administratif du comté.
Vers 1300, l’héritage du comté revint à Nicolas, marié à Catherine, dame de Boulay, en Lorraine. Versé dans la guerre et l’attirance pour les conflits, il se retrouva envahi par les Strasbourgeois qui envahirent le comté et brûlèrent le faubourg, sans réussir toutefois à s’emparer de la ville, ni du château. La paix revint en 1319 et une politique apaisée du fils de Nicolas, Volmar, permit de retrouver une prospérité relative, avant que les méfaits de la Guerre de Cent Ans ne se fassent ressentir à La Petite Pierre. La famille des comtes de La Petite Pierre a joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’Evêché de Strasbourg. Ainsi, trois frères furent chanoines du grand chapître de la Cathédrale. L’un d’entre eux, Burckart (ou Bourcard) résolut de renoncer à la vie ecclésiastique pour assurer la descendance de la lignée. Pour soutenir sa cause, il offrit un quart du château et de la ville à l’empereur Robert le Palatin, comme fief. A partir de cet accord avec l’empereur, les comtes palatins se sont intéressés de près aux affaires de La Petite Pierre. Conscients de la position stratégique, ils y nommèrent des gouverneurs issus de grandes familles, auxquels ils avaient adjoint un receveur, habilité à encaisser des impôts. Dans la seconde moitié du 15ème siècle, la fabrication du verre vit s’établir des verriers dans les vastes forêts avoisinantes. Ils se déplaçaient au gré de l’épuisement du bois destiné à chauffer leurs fours. De par leur statut d’itinérants, ils ne pouvaient bénéficier de la protection d’un magistrat. Les comtes de Ribeaupierre devinrent donc les rois des ménétriers, tout comme les comtes de La Petite Pierre devinrent les rois des verriers. Au 16ème siècle, la Renaissance et l’Humanisme apportèrent des idées nouvelles aux plans religieux, social et politique. Si la Réforme remit en question les fondements de l’Eglise Romaine, la guerre des rustauds marqua une tentative d’aboutir à des solutions sociales plus équitables. La ligue des chevaliers, conduite par François de Sickingen, chercha à modifier la structure de l’Empire. En lutte ouverte contre les princes électeurs de l’Empire, et par là contre les comtes palatins, il tenta de s’emparer de La Petite Pierre en 1522. Par une nuit de novembre, à l’aide d’échelles que les soldats tentèrent de poser contre les murs. L’alerte déclenchée permit aux habitants et aux soldats de repousser l’attaque. Le renforcement des comtes palatins ne permit pas à La Petite Pierre de bénéficier des effets positifs de la Réforme, comme cela fut le cas à Hanau-Lichtenberg. Du moins pas avant 1545, date à laquelle les comtes palatins demandèrent à la Ville de Strasbourg d’envoyer des pasteurs et prédicateurs pour évangéliser la population. Au bout de quelques années et des efforts conjugués des maitres d’école et des pasteurs, la population devint effectivement protestante.

la Petite Pierre

Jerri Hans, Comte de La Petite Pierre

Soure : wikipedia.org

Georges-Jean, issu de la branche de Veldentz des princes électeurs palatins, fut incontestablement le comte le plus populaire de La Petite Pierre. Cet homme, dont les idées étaient bien en avance sur son temps, a marqué de sa personnalité forte et atypique l’histoire de La Petite Pierre. Né en 1543, orphelin dès l’âge d’un an, il aimait à passer ses vacances dans la famille de sa mère à Fénétrange, Diemeringen ou Sarrewerden, parcourant ainsi le pays de La Petite Pierre et faisant connaissance avec ses futurs sujets qui l’appelaient familièrement Jerri Hans. Ses études à Heidelberg achevées et après des voyages pour parfaire son éducation, il épousa la fille du roi de Suède, Anne-Marie, fille de Gustave Wasa. La dot qu’elle apporta, de près de 100 000 thalers, fit de Jerri Hans l’un des princes les plus riches de son temps. Dès 1568, il débuta la construction de Phalsbourg qu’il voyait comme un important centre commercial, et pour y installer des familles, il envoya des agents de publicité et fit distribuer des tracts, notamment parmi les réfugiés huguenots, auxquels il garantit la liberté de culte. La reconstruction du château de La Pette Pierre, coûteuse, l’obligea à revendre Phalsbourg au duc de Lorraine en 1583. C’est alors qu’il investit en achetant le Ban de la Roche, pour y implanter une industrie métallurgique, en s’inspirant de ce qu’il avait vu et appris en Suède. Il fit construire le « chemin des allemands » pour acheminer le minerai vers ses forges. Jerri Hans fit aussi développer le commerce du bois en livrant des mâts pour les chantiers navals de Hollande. Pour les acheminer, il dessina une voie navigable entre le Rhin et la Sarre, précurseuse de l’actuel canal de la Marne au Rhin. Il soutint également l’industrie du verre et créa avec l’abbaye de Neuwiller un centre pour la production de cendres de hêtre, indispensables pour l’extraction du carbonate de potassium, composant de la fabrication du verre. Pour faciliter le développement du commerce, il élabora aussi un projet pour introduire une monnaie unique dans tout l’Empire, tout comme il proposa d’unir une flotte d’Empire pour pouvoir profiter des richesses d’Outre-mer. Incompris, sans doute trop en avance sur son temps, Jerri Hans mourut à âge de 49 ans, laissant derrière lui de nombreuses dettes.

la Petite Pierre

La Guerre de Trente Ans

Débutant en 1618, cette guerre bouleversa toute l’Europe, et La Petite Pierre à partir de 1622. La ville fut le théâtre malheureux d’invasions incessantes de bandes de pillards qui apportèrent avec eux la dysenterie, la fièvre typhoïde et la peste, causant ainsi de nombreuses pertes parmi la population. En 1626, ne restaient plus que 500 âmes sur l’ensemble du comté. Ce n’est qu’en 1632 que Richelieu apporta son soutien aux Suédois pour combattre les armées impériales. L’armée française installa son quartier général à La Petite Pierre pendant une courte durée. Dix canons, dont chacun nécessitait 30 à 50 chevaux pour le déplacement, y furent installés. Les soldats furent cantonnés entre Neuwiller et Dettwiller. Les faits de guerre se succédèrent, et le château fut assiégé par Turenne en 1674. Après la réunion des territoires d’Alsace en 1680, La Petite Pierre retrouva enfin une paix durable. Pour lui redonner vie, le comte fit venir de nombreux paysans et artisans de régions qui n’avaient pas été touchés par la guerre, notamment de Suisse. Des terres et du bois leur furent distribués.

la Petite Pierre

La Petite Pierre, citadelle française

La situation stratégique de La Petite Pierre lui valut d’être promue au rang de forteresse royale. Les travaux débutèrent dès 1680, sous l’égide de Vauban, bien décidé à faire de La Petite Pierre une place forte, prête à barrer à un ennemi la route du col. Pour cela, Vauban construisit un puissant verrou de fortifications entre le Staedtel et l’Altenberg, pour en défendre l’accès à tout attaquant. Deux portes en chicane permettaient l’entrée, les murs de la ville furent reconstruits, avec créneaux et meurtrières. Un mur de revêtement protégeait le rocher. La garnison, catholique et de langue française, bénéficia de la construction de la chapelle Saint-Louis, pour éviter tout heurt avec la population. La Petite Pierre fut dès lors soustraite à l’autorité du comte, pour ce qui concernait la garnison et les fortifications. Ce dernier fut contraint de reconnaître la suzeraineté du Roi de France. Mais la France n’interféra pas avec les affaires religieuses ou les us et coutumes du pays.

la Petite Pierre

Une paix et une prospérité, jusqu’à la Révolution de 1789

Au 18ème siècle, La Petite Pierre connut une période de paix et de prospérité, grâce au développement de l’industrie métallurgique et de celle du verre, et à l’exploitation intensifiée de la forêt. Bucherons, débardeurs, charbonniers et ouvriers verriers y puisaient leurs ressources. En raison de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la République, le comté perdit son indépendance et les comtes durent quitter le territoire. Puis les guerres napoléoniennes mirent à contribution les hommes et sollicitèrent des livraisons de bois, de blé, de foin et d’autres denrées.

la Petite Pierre

La fin d’une forteresse

La Petite Pierre connut son dernier siège en 1813, au moment de la retraite de Russie. Alors qu’un détachement d’alliés prussiens et russes sommait la garnison de se rendre, Richard Wall, capitaine de la légion irlandaise, refusa d’abandonner le château. Pendant plus de deux mois, cette poignée d’hommes résista, jusqu’à ce que les défenseurs se rendent, à court de munitions. De nombreux officiers supérieurs établirent aussi leur résidence à Neuwiller, où l’on peut voir leurs tombes dans le cimetière municipal. Au 19ème siècle derrière un calme tout apparent se cachait en fait une activité économique intense. L’inspection des Eaux et Forêts fut transférée à La Petite Pierre en 1845, ce qui eut pour effet l’amélioration du réseau routier et des routes d’exploitation, encore utilisées aujourd’hui. Les us et coutumes du pays de La Petite Pierre et la vie de ses habitants furent relatés dans les ouvrages d’Emile Erckmann, dont la mère était originaire de la Petite Pierre et d’Alexandre Chatrian. Lorsqu’éclata la guerre de 1870, La Petite Pierre n’était nullement préparée pour affronter l’ennemi. La garnison quitta les lieux et alla rejoindre les troupes en retraite, laissant les allemands pénétrer sans difficulté dans la forteresse le 9 août 1870. Les ouvrages défensifs et les portes étroites de la forteresse furent détruits, laissant place à la place ombragée qui accueille les visiteurs d’aujourd’hui. Depuis la renaissance du tourisme, le Faubourg a renoué avec les traditions d’hospitalité qui ont fait sa renommée et de nombreux hôtels et restaurants jalonnent sa rue principale et La Petite Pierre offre désormais un espace de calme et de bien-être, dans un décor naturel inégalé.

la Petite Pierre

LES LIEUX A VISITER

Le Château de La Petite Pierre

Les remparts, les citernes, les casemates.

La Maison des Païens

La Vieille Ville ou « Staedtel»

La Chapelle Saint-Louis

L’Église de l’Assomption

w

Dialoguer avec Le Maire

Fixe. 03 88 01 47 00

maire@la-petite-pierre.fr

Collectivités

Fax. 03 88 01 47 03

Tél. 03 88 01 47 00

accueil@la-petite-pierre.fr

Services Communaux